Je ne suis pas OK. Et vous non plus.
- 22 juin
- 3 min de lecture
« Je vais bien. »
« Il fait de son mieux. »
« Ce n’est pas à moi de juger. »
Ces phrases sont devenues la langue officielle de la tolérance moderne. Mais derrière ce vernis de bienveillance généralisée, c’est souvent la confusion, l’impuissance ou l’inaction qui se dissimulent. Car non, vous n’êtes pas toujours OK. Et faire semblant de l’être ne soigne rien.
Dire "je suis OK", lorsque ce n’est pas le cas, est une forme d’auto-négation émotionnelle.

En niant ce que vous ressentez, vous vous maintenez dans un survol de vous-même, vous évitez l’exploration intérieure, vous restez figé dans une image fonctionnelle.
Mais votre corps, votre sommeil, vos relations vous rappellent régulièrement cette vérité : vous vous étouffez de l’intérieur, à force de tout contenir.
Dans mes accompagnements en coaching relationnel, cette phrase revient souvent lors du premier contact. Elle surgit avec conviction, mais sans prise de conscience de son impact au quotidien : « Je suis OK » avec cette situation.
C’est ce manque de lucidité qui empêche de respirer.
1. Le jugement n’est pas le problème
Vous avez peut-être appris que juger était mal. Pourtant, le jugement — lorsqu’il est conscient, lucide et situé — est une fonction essentielle. Il vous permet de :
prendre des décisions éclairées,
vous protéger et protéger les autres,
évaluer ce qui vous convient ou non.
Mais à force de diaboliser le jugement, on oublie qu’il n’est ni un crime, ni une punition.
Il peut devenir toxique s’il repose sur des préjugés ou une absence de contexte. C’est là que les enseignements de Lao Tseu nous invitent à ralentir.
Dans sa célèbre fable du paysan et du cheval blanc, chaque événement est accueilli avec cette sagesse désarmante : « Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? »
Ce n’est pas du relativisme. C’est une posture de prudence, une manière de ne pas trahir le réel avec des réactions trop rapides.
Mais attention : ne pas juger du tout, par principe ou par confort, c’est souvent renoncer à votre discernement.
2. Bienveillance : quand l’intention remplace l’action
La bienveillance est aujourd’hui érigée comme une vertu centrale. Mais lorsqu’elle n’est pas accompagnée d’actes, elle devient un masque social.
La bienveillance sans bienfaisance — c’est-à-dire sans action concrète — peut devenir :
un abandon feutré,
une tolérance molle de comportements blessants,
une posture d’impuissance émotionnelle maquillée en douceur.
Vous "comprenez" l’autre, mais vous ne vous écoutez plus. Vous "accueillez", mais vous ne vous respectez pas. Vous "pardonnez", mais vous continuez de souffrir.
Et face à cela, votre enfant intérieur souffre de ne pas être protégé, votre parent aimant s’éteint faute de cadre posé, et votre adulte responsable se dissout dans l’inaction.
3. « Faire de son mieux » ne suffit pas toujours
Combien de fois avez-vous entendu cette phrase ?
« Il fait de son mieux. »
« Vous ne pouvez pas lui en vouloir. »
Et pourtant, vous en souffrez. Et vous culpabilisez d’oser le dire.
Faire de son mieux, ce n’est pas tout justifier. Ce n’est pas excuser l’inexcusable.
C’est s’investir, apprendre, évoluer.
Mais cela implique aussi de reconnaître que ce "mieux" peut être insuffisant, et que vous avez le droit de poser une limite.
Une vraie maturité relationnelle suppose de faire la différence entre l’intention et l’impact. Et cela ne peut se construire qu’en quittant l’asservissement émotionnel qui vous empêche de dire : « Ce n’est pas acceptable pour moi. »
4. Conclusion de "je ne suis pas OK "
Vous n’êtes pas obligé d’être OK. Et reconnaître cela, c’est déjà un acte de soin. Vous n’êtes pas obligé d’accepter ce que l’autre vous impose au nom de la bienveillance ou de son “mieux”.
Et oui : poser une limite, juger une situation, refuser de survoler vos ressentis — ce sont des actes de vie.
Car c’est précisément
en reconnectant votre enfant intérieur — celui qui ressent avec justesse,
en revalorisant votre parent aimant — celui qui protège, structure et transmet,
et en réveillant votre adulte responsable — celui qui agit en conscience,
que vous pourrez retrouver un lien vivant à vous-même, aux autres, et à vos choix.
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